Ils rêvent, inventent, réinventent, innovent et se lancent dans de grandes aventures en bravant tous les risques. Dans de grandes entreprises, des PME ou des associations,  ils appartiennent à une même famille, celle des entreprenants.

Les spécimens d’entreprenants récoltés par l’École de Paris sont nombreux, et des catégories ont été créées, dont les désignations montrent que leurs motivations sont plus larges que celles de l’entrepreneur (maximiser le profit), ce qui ne les empêche pas de développer une énergie considérable ni de courir des risques.

SOMMAIRE

1 –Ils veulent concrétiser des utopies
2 –Ils font face dans la tempête
3 –Ils lancent des conquêtes
4 –Ils engendrent des renaissances
5 –Ils s’ingénient à innover
6 –Ils (re)valorisent le capital humain
7 –Ils insèrent des exclus
8 –Ils recousent le tissu social
9 –Ils font de leurs singularités une force
10 –Ils s’engagent dans la création
11 –Ils affrontent la vie aventureuse des start-up
12 –Ils développent leurs territoires
13 –Ils réinventent les services à la personne
14 –Ils organisent une vigilance

1 – ILS VEULENT CONCRÉTISER DES UTOPIES

On entend souvent les sportifs dire après avoir gagné un grand titre : « J’en rêvais depuis que j’étais petit ». Si l’homo œconomicus est calculateur, l’entreprenant est presque toujours tiré par un rêve, mais nous avons fait une catégorie particulière pour des rêves partagés, les utopies, qui représentent un puissant moyen de stimulation collective. Cela ne réussit pas toujours, mais les échecs peuvent être sources d’enseignements précieux.

2 – ILS FONT FACE DANS LA TEMPÊTE

Des vocations d’entreprenants peuvent naître de crises. Confrontés à l’adversité, ces entreprenants s’attachent à préserver l’humanité du collectif et à éviter la débandade. Les circonstances révèlent ainsi, bien sûr, des caractères bien trempés, mais aussi une aptitude à animer des collectifs. Il arrive que, s’étant révélés à eux-mêmes, ils cherchent à retrouver les mêmes sensations dans d’autres contextes –ils sont d’ailleurs souvent sollicités pour cela.

3 – ILS LANCENT DES CONQUÊTES

Parmi les rêves qui peuvent animer les entreprenants, il y a celui de la conquête : se mondialiser, inventer des activités nouvelles, conquérir des marchés, se lancer dans des défis exigeants, etc.

4 – ILS ENGENDRENT DES RENAISSANCES

On aime bien le terme de renaissance, qui renvoie à des périodes glorifiées de notre histoire. Cependant, vécues de près, ce sont des périodes dérangeantes. C’est pourquoi ces dynamiques de renaissances sont animées par des entreprenants capables d’être à la fois patients, déterminés et iconoclastes.

5 – ILS S’INGÉNIENT À INNOVER

C’est grâce à l’innovation que nos pays riches et alourdis par leurs charges éviteront de voir leurs emplois et leurs richesses s’envoler. On innove donc beaucoup et partout, et l’École de Paris s’intéresse particulièrement à celles qui dérangent : il faut des entreprenants audacieux et avisés, et des dispositifs permettant les audaces.

6 – ILS (RE)VALORISENT LE CAPITAL HUMAIN

On le dit souvent, notre richesse, ce sont les hommes, mais il n’est pas facile de dépasser le stade du slogan.  Les entreprenants ci-après s’y sont exercés avec succès et nous livrent des enseignements qu’il ne faut pas prendre comme des recettes, mais comme des sources d’inspiration.

7 – ILS INSÈRENT DES EXCLUS

La rudesse de la vie économique fait que les entreprises ne peuvent pas employer tout le monde. La société d’abondance se traduit ainsi par l’exclusion des moins formés, des personnes en moins bonne santé, ou même de ceux qui n’ont pas eu de chance : nul n’est à l’abri d’un accident conduisant au chômage et il peut être très difficile de revenir dans le monde économique. C’est pourquoi des initiatives se multiplient pour aider les personnes exclues des circuits économiques à retrouver un travail.

8 – ILS RECOUSENT LE TISSU SOCIAL

L’insertion trouve ses limites si l’on entend qu’une personne n’est réinsérée que lorsqu’elle trouve un emploi ͞normal͟. C’est ignorer la pression économique sur les entreprises…De nombreuses personnes peuvent alors se retrouver parmi les ͞inutiles͟, au sens du livre de Pierre-Noël Giraud, se sentir progressivement inutiles à elles-mêmes et plonger dans la dépression ou la violence. Plusieurs épisodes électoraux récents dans les pays riches montrent que cela peut poser de sérieux problèmes sociaux et politiques. Que faire ? Une voie est de donner à chacun l’occasion d’être utile à d’autres.

9 – ILS FONT DE LEURS SINGULARITÉS UNE FORCE

Avec la mondialisation, on est soucieux d’universel : références économiques universelles, langue universelle, enseignes commerciales identiques partout. Cette standardisation favorise ceux qui maîtrisent le mieux les normes et les langues, généralement les plus puissants. Pourtant, si la production et la diffusion de certains biens sont par essence universelles (l’électricité, le courrier et quelques autres), les bonnes manières d’organiser les activités et de créer du sens ont une forte dimension locale. C’est sur cette idée que se sont fondés des entreprenants, qui considèrent que leur singularité est une force plutôt qu’une tare, à condition de ne pas rester crispé sur le passé.

10– ILS S’ENGAGENT DANS LA CRÉATION

La créativité, comme l’innovation, est aujourd’hui vue comme une ressource essentielle pour les entreprises. Mais il n’est guère de création importante sans une implication de personnes à l’ego surdimensionné ni sans transgressions, ce que l’entreprise ordinaire a beaucoup de mal à gérer. D’où l’intérêt d’étudier la façon dont les organisations créatives arrivent à ce miracle permanent de gérer des personnes ingérables et de mettre en production des créations difficilement programmables. Au-delà des préoccupations des entreprises, la vitalité de la création d’un pays est un facteur important de la qualité de son vivre-ensemble et de son image à l’étranger.

11– ILS AFFRONTENT LA VIE AVENTUREUSE DES START-UP

La route des start-up est semée de sérieuses embûches, dont on ne parle guère,. On découvrira dans la lecture des témoignages ci-dessous des vies passionnantes, mais risquées. On peut recommander leur lecture aux candidats à la création de start-up : cela ne les dissuadera pas de se lancer, mais cela pourra les aider à tirer quelques enseignements de la façon dont d’autres ont franchi des passages difficiles qu’ils rencontreront sans doute.

12– ILS DÉVELOPPENT LEURS TERRITOIRES

Les entreprenants ont souvent leur identité ancrée dans leur environnement local : à la différence des entrepreneurs qui mesurent leur action en dollars, étalon universel, les entreprenants évaluent leur projet en fonction du sens qu’il produit et des relations qu’il permet de développer. C’est pourquoi une de leurs motivations est de revivifier leur territoire s’il se délite. 

13– ILS RÉINVENTENT LES SERVICES À LA PERSONNE

Les services à la personne sont souvent cités comme des réservoirs d’emplois considérables. Cependant, comme le rappelle Philippe d’Iribarne, la relation de service évoque, en France, la soumission du serviteur au maître,. Philippe d’Iribarne note toutefois qu’il est noble de rendre service. Cette idée est mise en œuvre par des entreprenants variés, qui développent des activités de services utiles aux bénéficiaires tout en étant valorisantes pour ceux qui les réalisent.

14– ILS ORGANISENT UNE VIGILANCE

Cette catégorie regroupe des chercheurs et des observateurs attentifs à des évolutions souterraines et des signaux faibles. Ce sont des entreprenants, car leurs excursions en dehors des voies académiquement balisées sont généralement risquées en termes de reconnaissance et de carrière. On pourrait même ajouter à cette liste d’entreprenants… l’École de Paris du management.